Presse
Des croix taguées entre Biot et Villeneuve-Loubet

Des croix taguées entre Biot et Villeneuve-Loubet

Dans cet article pleine page, paru dans Nice-Matin le 16 janvier 2024, on apprend que les gardes-chasse du marquis de Villeneuve-Loubet qui a interdit l’accès à ses terres, ont tagué à la bombe des croix médiévales du XVIe siècle marquant la limite des deux communes.

La semaine dernière, des randonneurs ont remarqué que des croix qui datent du XVIe siècle, gravées dans des roches à la frontière entre Biot et Villeneuve-Loubet, ont été taguées. Surpris, ils font tourner l’information sur Facebook et contactent Patrick Navard, qui a rédigé sur ces fameuses inscriptions.

« Les conflits entre ces deux communes ont fait rage durant des siècles. Pendant la période templière notamment, avec razzia, enlèvement d’animaux et séquestration de personnes. Début 1500, les deux communes se sont assagies et ont décidé de bien délimiter leur frontière. En 1513, un accord est signé afin de circonscrire le massif des Aspres avec neuf bornes, portant une croix de Malte. Ces bornes, appelées improprement dans la légende locale bornes des Templiers, sont – ou plutôt étaient – toujours visibles il y a quelques semaines. Ce sont des vestiges historiques importants pour les deux communes. Les marques que l’on peut s’entendre en étant intelligent. », explique Patrick Navard.

« Du vandalisme idiot »
En 510 ans d’existence, ces bornes ont vu défiler des dizaines de milliers de promeneurs. « Pas un n’a songé à les dégrader. Mais, il y a quelques semaines, un groupe de personnes a eu la mission de marquer le terrain limitrophe des deux communes. Elles ont bombé volontairement les croix qui sont probablement irrémédiablement abîmées, la peintures s’étant introduite dans la pierre poreuse. C’est du vandalisme idiot. Pourquoi détruire ces vestiges alors que ce n’était pas nécessaire pour marquer le territoire ? Veut-on d’un monde où l’on détruit volontairement toute trace du passé ? Au profit de quoi ? Comment ne pas être d’une extrême colère face à de tels agissements ? Quelle honte ! » lâche Patrick Navard.

Délimiter les territoires
Ce sont effectivement deux des gardes-chasses du marquis de Villeneuve-Loubet qui ont pulvérisé de la peinture sur certaines roches et certaines croix. Depuis le mois de novembre, comme la loi du 2 février le lui autorise, le marquis de Pannisse-Passis a décidé de fermer son domaine au public. « On a donc délimité la frontière. Comme les croix n’étaient pas visibles, nous avons mis de la peinture en bombe », répond Patrick Folco, l’un des gardes-chasses. En effet, ces dernières ne sont pas toutes visibles sans un œil entraîné. Il fallait donc les chercher. « Un ancien garde nous les avait indiquées », confirme Patrick Folco. Le garde-chasse assure que ces marques ont vocation à protéger les terres du marquis. « On retrouve de tout sur site : des arbres arrachés, des déchets de toutes sortes, des têtes d’animaux dans les arbres, des restes de feux … sur la piste de la Madone, les randonneurs aussi ont tagué des arbres et des rochers », défend Patrick Folco. Bénévole, il dit être garde-chasse par passion de la nature et de l’environnement. Et termine : « En laissant faire les actes de vandalisme, quelle Terre laisse-t-on à nos enfants ? » Une question et deux façons de voir les choses.

Alice Patalacci – Nice-Matin

Mise à jour du 17 janvier 2024 : Retrouvez maintenant l’article en ligne sur nicematin.com
Mise à jour du 24 janvier 2024 : Retrouvez un 2nd article sur nicematin.com, ainsi qu’une chronique de Claude Askolovitch dans le 5/7 de France Inter (à 1:16:00)

France Inter – Le 5/7 – Claude Askolovitch – Des croix vandalisées à Biot dans les Alpes-Maritimes